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mercredi 24 novembre 2010

Article sur SERON sur LE MATIN.ch

Le site Le MATIN.ch avait publié en Mai 2010, à l'occasion de la sortie des intégrales, un sympathique article sur Pierre SERON

«Je me suis bien amusé avec les Petits Hommes»

Apparus en 1967 dans les pages du «Journal de Spirou», Renaud et ses amis miniatures ont traversé les décennies dans leur microvillage d'Eslapion. A l'occasion de la publication d'une intégrale de la série, l'auteur Pierre Seron évoque la genèse de cette aventure et la fin, qu'il annonce pour l'an prochain

Hauts d'une quinzaine de centimètres, les Petits Hommes ont déboulé dans le monde de la BD à la fin des années 1960. Au beau milieu des pages du Journal de Spirou, les auteurs Pierre Seron et Albert Desprechins expédiaient une mystérieuse météorite verte sur le village de Rajevols. Un habitant touche l'étrange caillou tombé du ciel, puis serre la main d'un voisin. Ce dernier embrasse sa femme, qui prend son bébé dans ses bras, le bébé caresse son chat… et c'est l'épidémie, encore plus fulgurante qu'une bonne grippe A! Et en un clin d'œil, quiconque entré en contact, même indirectement, avec la météorite est miniaturisé dans un «pops» retentissant.

Les Petits Hommes vont alors devoir trouver une bonne planque, reconstruire un village à leur taille, échapper aux chats. Du moins à ceux qui n'ont pas rétréci… Et c'est parti pour plus de quarante ans d'aventures à Eslapion, sous le pinceau à l'inspiration «franquinesque» de Pierre Seron.

Petit à petit, la série prend un aspect un brin futuriste grâce aux vaisseaux volants, et la microcommunauté humaine doit ses avancées technologiques – parfois ses scénarios catastrophe – au professeur Hondegger, sorte de savant farfelu jamais à cours d'inventions douteuses.

Inspiré par les soldats de son enfance
Plusieurs personnages prennent leur place, dont le héros Renaud, reconnaissable à ses cheveux noirs et son épi blanc. Plus tard apparaîtra Cédille, une vraie blonde sexy qui a le «caractère de chameau de ma première femme», dixit Pierre Seron.

Si Desprechins, Mittéi, Hao, Gos et Desberg se sont succédé au scénario sur une quinzaine d'albums, la trame de départ vient du dessinateur, qui a d'ailleurs fini par tout assumer tout seul depuis 1988. Où Seron a-t-il donc pêché cette idée de micropersonnages?

Son explication est… enfantine: petit garçon, il aimait jouer aux soldats de plombs. «Ce sont mes rêves d'enfance. Avec mon frère, on parlait, on inventait, on imaginait… Le pouvoir de création vient de là. J'étais peut-être un peu prédestiné pour ça, mais il faut savoir le cultiver.» Entre les petits soldats et l'armée – que Seron a fait passer en «dessinant les appareils ennemis»! – l'auteur a fait ressortir dans ses cases un petit côté militaire. Ou antimilitariste, plutôt, puisqu'au début de la saga, les Petits Hommes sont voisins avec un campement de l'armée et organisent régulièrement des expéditions, ridiculisant les gradés.

Depuis 1967, et malgré les critiques acides à son endroit – on lui reproche un style trop proche de celui du grand Franquin –, Seron n'a jamais songé mettre un terme à sa série. En 1999, il a même créé «Les Petites Femmes», qui, contre toute attente, n'est pas une série parallèle, mais bel et bien une saga à caractère érotique…

«Je me suis bien amusé»
Jamais essoufflé, Pierre Seron? «Je me suis bien amusé, et j'arrive à un moment où les idées se fanent. Pourquoi continuer quand il y a de l'usure? Dans le cinquantième album, qui sera le dernier, Renaud dira aux lecteurs: «Je suis venu vous dire que nous partons.»

L'auteur a donc décidé de dire au revoir à sa minicommunauté en 2011. Que concocte-t-il pour le bouquet final? Les Petits Hommes reprendront-ils leur taille initiale? «Ah non! Vous vous rendez compte des arriérés d'impôts qu'ils attraperaient!» Bon, et une rencontre impromptue avec les sexy Petites Femmes? «Y a pas intérêt! rigole l'auteur. Mais je garde l'idée quand même… Avec ça, vous allez me faire travailler jusqu'à quel âge?»

Camille Destraz - le 15 mai 2010

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